Randonnée : le GR20 en 7 jours

Le GR20 : c'est le mythique chemin de randonnée Francais. Une distance de plus de 180km dans les montagnes. À côtoyer les sommets. Et crapahuter sur les crêtes. Le tout avec plus de 12 000 mètres de dénivelés positifs. Faire et finir le GR20 est un exploit pour tout randonneur. Exploit d'avoir traversé la Corse par ses montagnes hostiles. Mais aussi ses plateaux, ses lacs magnifiques et ses vasques d'eau gelées. De gravir le Monte Cinto et ses 2 706 mètres d'altitude...

Mais le GR20 ce n'est pas qu'un paysage, c'est aussi une ambiance dans la Corse rurale. Une ambiance de refuge, sous la tente, avec des randonneurs venus des quatre coins de l'Europe. La transhumance. La livraison à dos d'âne. C'est aussi la rencontre avec les gardiens de refuge. Les dîners partagés dans le coin de la cuisine. Et les réveils matinaux aux alentours de 4h du matin.

Certains randonneurs le font en 15 jours, d'autres en 3 jours. Je t'embarque, aujourd'hui, avec moi sur une traversée dans le sens Nord-Sud de 7 jours, entre Calenzana et Conca.

Sommaire :

1. Le GR20 en 7 jours : la préparation
2. Le GR20 en 7 jours : les étapes du parcours

Le GR20 en 7 jours : la préparation

GR20 : la préparation physique

Je dois admettre que je n'ai pas eu de préparation spécifique. Je ne suis pas licencié auprès de la Fédération française de randonnée. Je cumule de nombreuses randonnées dans les Pyrénées (GR10), en Bretagne (GR34), dans les Alpes, etc. Et ce, grâce à une éducation propice à la randonnée. Je pratique le triathlon depuis maintenant 5 ans. La région lyonnaise m'a bien habitué au dénivelé, que ce soit lors d'entraînements de trail dans les Monts d'Or ou de course à pied à Fourvière et Croix Rousse.

Le GR20 c'est 180km de randonnée avec presque 12 000 mètres de dénivelés positifs. 8 000 mètres de dénivelés positifs pour la partie nord (90km) et 4 000 mètres de dénivelés positifs pour la partie sud. Avec tous types de chemins : rocailles, roches, verdures, terre, boue, etc. Le mieux reste donc de se confronter à ces conditions durant l'entraînement. Et de pratiquer beaucoup de dénivelés, à la fois en montée et en descente. La descente peut s'avérer bien compliquée que la montée. Avec un sac sur le dos si cela est possible. La difficulté des sentiers du GR20 peut également provoquer des entorses. Il est donc vivement conseillé de pratiquer des exercices de proprioception, ainsi que du renforcement musculaire en prévention.

GR20 : les transports pour accéder à Calenzana

Je n'ai pas eu une seule expérience avec le GR20 mais plusieurs. Et la première a été la plus formatrice. Ma première expérience s'est faite au départ de Toulon en Ferry. Avec la compagnie Corsica Ferry. Cette expérience a été catastrophique. Les grèves nous ont retardés. La nuit dans le Ferry compliquée. Et le réveil difficile. Bref rien de bon pour se lancer sur le GR20. Nous avions accumulé beaucoup de fatigue et de stress. Le retard, dû aux grèves, nous a fait louper le premier train au départ d'Ajaccio pour le nord de la Corse. Le deuxième était à 14h seulement. Il faut savoir que ligne de train est unique et très lente. Par conséquent, cela limite beaucoup le nombre de trajet par jour. Cette expérience m'a fait comprendre que l'avion, à destination de Calvi, est le choix le plus efficace pour se rendre Calenzana (point de départ de la grande randonnée). Si ce n'est pas possible, il faut privilégier le Ferry à destination de Bastia.

Nous avons pu traverser la corse d'ouest en est, voir le maquis, ses cochons sauvages, et passer par Vizzavone (étape centrale du GR20 accessible en train). Vizzavone nous a permis de recueillir des informations précieuses de randonneurs ayant abandonné ou simplement décidé de faire la moitié du GR2O (au départ du Nord ou du Sud). Nous avons changé de train à Ponte-Leccia, pour la direction de Calvi. Et nous sommes descendus à l'arrêt de Calenzana-Lumio, non loin de la base du 2eme Régiment Étranger de Parachutsime. Un taxi nous a ensuite déposés à Calenzana (40€ pour deux). Il était 20h. Nous avons donc réalisé la première étape de nuit. Les marques de balisage rouges et blanches sont présentes partout sur le trajet. Il n'y avait pas vraiment de risque de nous perdre même si nous ne connaissions pas du tout l'itinéraire.

Nous avions seulement 7 jours pour faire le GR20, et la grève de Corsica Ferry nous a retirés une journée dans le planning. Nous avons donc décidé de faire la partie nord du GR20 uniquement, à savoir la partie la plus compliquée (8 000m de d+). Nous ne connaissions rien sur les avantages du GR20. Alors bêtement nous avons acheté l'ensemble de notre alimentation avant le départ, sous forme de lyophilisé. En plus d'être très limité au niveau du goût, le lyophilisé prend beaucoup de place dans le sac. Alors que chaque épicerie de refuge propose un choix varié pour le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner.

GR20 : la réservation des refuges

À l’époque, il n'existait pas de système de réservation en ligne pour le Parc Naturel Régional de Corse. Nous n'avions donc rien réservé. On payait au jour le jour en fonction de notre avancée. Il est toujours possible de le faire, contrairement à ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Il faut savoir que le paiement par carte bancaire ne passe pas partout. Excepté dans les refuges situés à côté d'une route goudronnée (Asco, Vergio, Verde, Bavella, etc), synonyme souvent de "retour à la civilisation". Il faut donc privilégier le cash. Et en tirer un maximum avant le départ. Les premiers distributeurs sont souvent très loin du tracé.

Si tu ne souhaites prendre un aucun risque. Tu peux réserver tes tentes, tes emplacements, ou tes nuits en refuge directement sur le site du PNRC. Et c'est moins cher (-30% je crois). Au cas où tu serais inquiet de ne pas respecter tes étapes. Sache qu'une réservation dans un refuge vaut pour tous les refuges du PNRC, à l'exception des Bergeries privées. Dans un refuge officiel, le gardien est dans l'obligation de t'accueillir. Autre nouveauté de l'année 2021, un représentant officiel du parc se trouve dans chaque refuge.

Réserver une place en refuge (que ce soit un emplacement pour la tente ou une nuit en chambre), te permet de bénéficier des douches, du gaz, et d'un équipement complet pour faire la cuisine. C'est plutôt pratique, cela t'évite de transporter des Butagaz.

GR20 : la préparation du sac

Mon sac est le résultat de plusieurs années de tests. À faire de longues promenades, des sentiers de grande randonnée, ... C'est donc avant tout un résultat personnel. Il pèse 6kg, eau comprise. Il a une capacité de 15l, extensible en 20l si on force bien. Je suis un partisan du plaisir de marcher avec un sac léger. Randonner malin, et profiter du paysage. Je ne vois absolument pas l'intérêt de porter un sac de 10kg, voire 15kg. De ne pas profiter pleinement du parcours, au prétexte que la randonnée serait "autarcique". Le corollaire d'un sac léger est le prix. Il y en a pour 1 000 euros, plus ou moins.

Matériel nécessaire : que mettre dans son sac GR20 en 7 jours ?

1. Sac de trail ultra mixte 15l noir bronze (Décathlon, 60€)
2. Paire de bâtons trail running Black Diamond distance Carbon Zpole noir (Décathlon, 115€)
3. Matelas gonflable de trekking - mt500 air s - 120 x 52 cm - 1 personne (Décathlon, 35€)
4. Sac de couchage - Confort : 0°C - Bleu marine (Millet, 275 €)
5. Chaussures de trail running pour homme mt cushion noir rouge (Décathlon, 90€)
6. Veste imperméable pluie de trail running manches longues homme noir bronze (Décathlon, 70€)
7. Poche à eau - 2 litres - trail running (Décathlon, 13€)
8. Ceinture de Trail Running Unisexe (Salomon, 30€)
9. 2x Flasques souple de running 250 ml bleue (Décathlon, 10€)
10. 2 x Boxer de running homme sans couture Kalenji noir (Décathlon, 15€)
11. Brosse à dents, dentifrice et savon.
12. 2 x Paires de chaussette au choix
13. 2 x Tee-shirt au choix
14. 1 x Polaire

FAQ :

Liens utiles :

Les horaires | Le train Corse - Chemin de Fer de la Corse

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Le GR20 en 7 jours : les étapes du parcours

Été 2020 : le GR20 encore et pour la troisième fois. À la suite d'une conversation dans les Pyrénées (GR10), il est devenu un incontournable. Pratiquer la randonnée chaque année est devenu une habitude. Une habitude qui fait du bien. Une habitude qui ressource. Particulièrement en Corse.

L'Île de beauté est proche. Du haut de l'avion nous voyons le Cap-corse. Une petite boucle autour des montagnes et nous atterrissons à l'aéroport de Calvi. Les voyageurs applaudissent. Beaucoup viennent pour le GR20, les sentiers mythiques de randonnée Cose. Mais pas que. Il existe quelques autres randonnées en corse (Mare a Mare, etc.). Le tourisme pédestre est très important pour l'activité économique de l'île. Les itinéraires sont multiples. Certains partent pour Conca quand d'autres veulent aller jusqu'à Vizavonna. Le GR20 est un bon moyen pour découvrir la corse rurale.

Petite surprise à l'arrivée... nos bâtons sont restés à Paris. Heureusement nous avions pris nos sacs de randonnée avec nous, en cabine. Air France nous indique qu'ils seront livrés en taxi à Asco. Nous décidons de partir comme ça. Les deux premières journées se feront à l'aide des bras dans les montées.

Nous sortons donc de Calvi avec un peu de retard. Il faut maintenant trouver un taxi qui nous déposera à Calenzana pour rejoindre les sentiers de randonnée. Il est 19h, nous arrivons. C'est parti pour l'aventure, la rando en pleine nature et de belles balades... Nous le savons déjà. Nous rejoindrons Ortu de nuit.

GR20 soirée 1 : de Calenzana à Ortu di Piobbu

• Étape traversée : Calenzana - Ortu di Piobbu
• Point d'eau : fontaine d'Ortiventi située 500 mètres après le départ de Calenzana.

Il est l'heure de prendre le départ de la randonnée. Un dernier petit ravitaillement à la fontaine du village et c'est parti pour rejoindre le fameux dernier belvédère. L'emblématique départ du GR20. En montant, nous croisons les locaux sur leur terrasse. Ils voient passer des dizaines de milliers de randonneurs chaque année. Pour eux c'est une habitude, pour nous c'est un moment unique. Nous les saluons plein d'énergie et le sourire aux lèvres.

Le Parc naturel régional de Corse est à nous. Nous voilà parti avec notre petit sac à dos de 6kg. Des légionnaires terminent leur balade quand nous commençons la nôtre. Très vite, nous atteignons un premier plateau et une vue magnifique sur la mer. Puis un deuxième beaucoup plus haut. C'est certes de la moyenne montagne mais pour une première journée, ça monte déjà pas mal. Bref, un dénivelé positif qui met en jambes pour le reste du parcours. Une portion d'escalade s'offre à nous. Quelques chaînes sont là pour nous aider à grimper sur la crête. Des chèvres nous regardent monter. Il s'ensuit une longue marche sur un faux plat montant et descendant jusqu'à Ortu. La nuit tombe. Il nous est impossible de planter la tente avant le refuge. Le bivouac à l'extérieur des zones de refuge est interdit et ce pour mieux préserver la faune et la flore. Nous atteignons le refuge. Le temps est au couchage. Il n'y aura pas de dîner.

Sur le départ, nous croisons un groupe de randonneuses qui parle de Compostelle. Cela attise ma curiosité. Je les rejoins. Elles me donnent leur ressenti du GR20. Une randonnée de "performance". Une randonnée pour les "sportifs"... Une randonnée qui visiblement ne plaît pas à tout le monde. Elles terminent aujourd'hui à Calenzana.

Elle me conseille de troquer la randonnée corse pour les chemins de Saint Jacques De Compostelle.

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GR20 jour 2 : Ortu di Piobbu à Asco

• Étapes traversées : Ortu di Piobbu - Carrozzu / Carrozzu - Asco
• Point d'eau : fontaine au départ d'Ortu / source à Carrozzu / source à Asco.

La matinée est rythmée par un parcours accidenté. Un parcours créé de toutes pièces sur les rochers. D'immenses blocs de granit glissant. Arrivé en haut, la marche sur les crêtes est beaucoup plus agréable. La vue donne sur un ravin immense. À perte de vue. Comme souvent sur le sentier, le plat laisse souvent sa place au dénivelé. La descente vers Carrozzu est dangereuse. Elle est faite de tas de pierres qui ne laissent pas beaucoup de bons appuis aux randonneurs. Et la chute peut s'avérer fatale. Les bâtons manquent cruellement. De loin, nous apercevons une baraque avec un toit en tôle grise... Le refuge est là.

Carrozzu c'est avant une immense vasque d'eau située sous la passerelle. Nous décidons de déjeuner avant d'y aller. Un véritable festin (assiette de charcuterie) que nous partageons avec les randonneurs de l'étape. Des filles et garçons qui se sont regroupés en marchant. Les échanges sont géniaux. Puis l'heure est la récupération. De l'eau fraîche a peine supérieure à 15 degrés pour faire circuler le sang. Une jolie fille glisse sur la dalle et s'ouvre la main. Cela fait plus d'un an qu'elle s'entraîne pour ce défi. Nous nettoyons la plaie ensemble et la raccompagnons au refuge. L'occasion pour se rappeler qu'un seul moment d'inattention suffit pour bouleverser le périple. Elle devra descendre à pied à l'hôpital pour se faire recoudre. Elle me racontera quelques semaines plus tard, qu'elle finira le GR20 avec une seule main. L'autre étant suturée.

Il est temps de repartir. La montée est dantesque. Pour ne rien arranger nous marchons sous un soleil de plomb. Tout en haut, Asco devient visible. Mais pour y accéder il faut emprunter une descente aussi raide qu'une piste noire. Les premières crampes commencent à arriver... Je sympathise avec un guide de randonnée. J'aime parler en montagne. Et je dois admettre que je parle tout le temps. Même un peu trop parfois. Ce qui a le don d'énerver mes potes. Arrivés à la station de ski d'Asco, nous nous précipitons au refuge pour récupérer nos bâtons. Soulagement, ils sont bien arrivés. Air France les a fait livrer en taxi. Asco est un véritable carrefour pour rencontrer du monde. Je m'y plais toujours. Des randonneurs du dimanche qui viennent faire l'ascension du Monte Cinto. Des touristes. Des traileurs. Des GRistes... Bref c'est un véritable lieu de vie. Et je commence à avoir mes petites habitudes au snack du coin, l'Altore. Je profite des petites cascades situées en contrebas de la station.

La nuit à côté du refuge est très agréable. Je n'ai pas eu froid contrairement à la nuit précédente. Mes batteries sont pleines. Tant mieux car la journée de demain s'annonce extrême. Sans doute l'une des journées les plus difficiles selon le topo-guide. Au programme : randonner sur les sommets de Corse et se lancer dans l'ascension du Monte Cinto, le sommet de la Corse qui cumul à plus de 2700m.

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GR20 jour 3 : Asco au col de Vergio

• Étapes traversées : Asco - Bergeries de ballone / Bergeries de ballone - Ciottulu di Mori / Ciottulu di Mori - Manganu
• Point d'eau : sources au départ d'Asco / source avant la dernière ascension du Cinto / source aux Bergeries de ballone / source Ciottulu di Mori / source Vergio.

L'emblématique cirque de la solitude est fermé depuis le drame des éboulis. Il a fait plusieurs morts. Depuis, les autorités refusent d'en donner l'accès. Nous marchons donc sur ce nouveau tracé officiel en longeant le ruisseau. Une fois la passerelle traversée, nous arrivons face à des falaises saisissantes. Des falaises qui appartiennent au sommet de la Corse, au Monte Cinto. Le sentier est très compliqué d'accès et le dénivelé dantesque. Quelques chaînes nous aident à franchir les blocs de pierre. De la grande randonnée de haute montagne. Sans bâton, le dénivelé peut être assez compliqué à encaisser. Heureusement la livraison d'hier a changé la donne. Les montagnes sont blanches. Mais il ne s'agit pas de glaciers, plutôt de névés. Des restes de neiges que le soleil a épargnés. Une petite pause au niveau lac d'argent s'impose. L'eau est gelée. Il faut dire que le Cinto le préserve du soleil. Il est alimenté par un immense amas de neige. L'eau fait beaucoup de bien. Notre condition physique s'améliore. Nous en profitons pour remplir nos camelbak dans le ruisseau. À cette hauteur, pas vraiment de risque d'attraper la douve. L'eau est pure, transparente.

Le Monte Cinto offre des points de vue sur l'est et l'ouest de l'île. Un panorama exceptionnel. Certes ce n'est pas le Mont-blanc, mais c'est déjà le sommet de la Corse qui cumule à plus de 2700 mètres. Aucun réseau n'est disponible. La descente vers les Bergeries annonce l'heure du déjeuner. Mais surtout l'heure de la baignade dans les magnifiques vasques de Ballone. L'après-midi est compliquée, et l'arrivée vers Vergio se fait sans réelle motivation malgré la beauté des ruisseaux. Les vaches sont là et décident de nous laisser passer quand elles le désirent. Le camp redonne de l'énergie. On y trouve des cochons sauvages qui se baladent autour de nombreux campeurs. Comme pour Asco, Vergio est une station de ski Corse. En rando, c'est souvent synonyme de bonnes bouffes. La nuit se fera à la belle étoile au son des ronflements... Le ciel est pur.

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GR20 jour 4 : Col de Vergio à Petria Piana

• Étapes traversées : Ciottulu di Mori - Manganu / Manganu - Petria Piana
• Point d'eau : source Ciottulu di Mori / source Manganu / source avant la Boca / source dans la dernière partie du cirque / source Petria Piana.

L'une des plus belles journées s'annonce. Nous rentrons dans l'Alta Rocca. De la beauté des pozzine, en passant par la Bocca, le lac de Melu et de Capitelu, etc. Pour y arriver, il nous faut d'abord affronter le drapeau du "Che Guevarra". Un refuge avec un gardien au caractère bien "trempé". Le parcours est un mélange de piste de VTT, de trails, et de chemin pédestre.

Arrivé aux pozzine, j'en profite pour faire le tour du lac préhistorique (le lac de Nino). Il est plein de boue et la baignade est plus que déconseillée. Les chevaux en liberté donnent un ton très sauvage au panorama. Nous traversons la vallée de Nino, ses ruisseaux et ses étangs pour rejoindre un magnifique petit refuge accolé à une cascade, Manganu. Il est temps de prendre une omelette... De rigoler avec le gardien très sympathique.

Au-dessus du refuge nous tombons sur une petite vallée pleine de marais assez comparables à ceux du lac de Nino. Et peu de temps après, c'est la consécration, nous franchissons la porte. Par ici on l'appelle la Bocca. La vue est magnifique. Elle donne sur le lac de Melu et de Capitelo. Les panoramas sont à couper le souffle. Ils me donnent chaque fois un peu plus d'énergie pour avancer dans le cirque. Les gorges de la Restonica ne sont pas très loin du lac de Capitelo. Nous tombons sur une petite source cachée dans les arbustes. Le temps de marquer une pause salvatrice. La descente vers Petria Piana est un enfer. Les cailloux sont glissants. Et il faut faire attention à chaque pas. Se casser la binette n'est pas vraiment une option. Paraît-il que pendant la nuit une femme a tenté un record du monde. Ses lièvres ont tambouriné pour réveiller le gardien et obtenir le sésame, à savoir la signature du gardien. Je n'ai rien entendu. J'ai dormi à poing fermé.

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GR20 jour 5 : Petria Piana à Vizzavone

• Étapes traversées : Petria Piana - Onda / Onda - Vizzavone
• Point d'eau : source Petria Pian, fontaine dans la montée avant Onda, source Vizzavone.

La matinée est marquée par une descente vertigineuse. Celle qui mène à Onda et ses lasagnes réputées dans tout le pays. Durant le trajet, nous longeons un magnifique ruisseau. Une petite auberge nous accueille le temps de siroter un coca. La passerelle annonce le début de la montée vers Onda. L'odeur du saucisson pointe déjà le bout de son nez. Par tradition, je m'arrête recharger mon téléphone. En réalité, c'est plus pour savourer un excellent saucisson. L'après-midi, il faut remonter l'énorme falaise pour rejoindre Vizzavone. Et traverser le Monte d'Oro. Nous croisons un légionnaire qui nous explique que la montagne est d'or. Incrédule. Ils nous montrent quelques feuilles qu'il a récoltées. Nous reviendrons plus tard faire l'expérience. Derrière nous un groupe avec dans son corps un garçon qui s'est fait une entorse du genou. Je n'ose même pas imaginer comment il arrive à marcher. La descente est stratosphérique vers Vizzavone. Nous arrivons à la cascade des Anglais. Une grosse baignade s'impose dès la passerelle.

La cascade des Anglais : c'est un point de la randonnée en jonction avec la ville. Les marcheurs sont donc assez nombreux. Et les baigneurs aussi. Il faut dire que les cascades s'étalent sur plus de 3km.

Vizzavone symbolise la moitié du GR20. Nous en profitons pour prendre un bon et vrai restaurant. Ce sera une entrecôte saignante pour moi. Les burgers ne sont plus à l'affiche... Je fume une clope avec le patron. On discute de tout et de rien. L'un des deux restaurants a plié bagage. Le bail n'a pas été renouvelé. Et la cabane d'Emile aussi elle a disparu... Émile qui nous avait si gentiment dégotés des œufs et du fromage râpés il y a quelques années. Un véritable festin après 5 jours de nourriture lyophilisée. Sur le GR20 c'est une légende. Il a même une page Facebook à son nom. Les gens se déplacent de loin pour le voir. Alors si tu me lis Émile, merci pour tout...

Nous dormons dans le camping de Vizzavone tenu par un homme très sympathique, mais très direct. Ce qui n'est pas goût de tous. La légende dit qu'il fait des tours le soir avec son couteau attaché au ceinturon pour veiller sur son camping. Avec lui on ne rigole pas. Ou peut-être la deuxième année.

Le matin je prépare mon pique-nique rapidement, et c'est parti pour le Sud. Il a la réputation d'être beaucoup plus roulant. En chemin discute avec deux belles allemandes. Elles s'arrêtent à Vizzavone.

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GR20 jour 6 : Vizzavone à Prati

• Étapes traversées : Vizzavone - Capanelle / Capanelle - Prati
• Point d'eau : source Vizzavone / fontaine après la grande montée vers Capanelle / source Capanelle / source Verde / source Prati.

Cela fait maintenant plusieurs jours que nous marchons. La fatigue commence à s'installer. Mon corps s'affûte à la vitesse grand V. La marche fonctionne bien. La perte de poids est évidente.

La montée vers Capanelle est raide. Dur retour à la réalité. En haut nous tombons sur une fontaine d'eau fraîche très appréciable. Le jour se lève. Le chemin pour rejoindre Capanelle fait du bien. C'est un faux plat descendant. Et ça, dans le Nord ça n'arrive que trop peu souvent.

Arrivés à Capanelle nous déjeunons rapidement. Je discute avec un groupe d'enseignant venu ici pour deux semaines. Capanelle est la troisième station de ski Corse. Il est temps de repartir. Je profite de quelques vasques situées en aval du refuge. Et là, je fais la rencontre d'une jolie rousse nue... Une très jolie rencontre qui donne du peps...

Le chemin est encore long pour Prati. Il faut d'abord passer par Verde. Une chance le chemin est très plat. En revanche le col de Verde, est synonyme d'une montée interminable vers Prati. Je suis fatigué mais la vue vaut vraiment le détour. Un immense plateau qui donne sur la mer. Je décide de dormir dans la cuisine du refuge. Car dehors, il fait beaucoup trop froid.

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GR20 jour 7 : Prati à Asinau

• Étapes traversées : Prati - Usciolu / Usciolu - Asinau (variante alpine)
• Point d'eau : source Prati / source Usciolu / source Asinau

Je ne me suis pas réveillé. Le groupe que j'ai rencontré la veille, et avec qui nous avions décidé de marcher vite est déjà parti. Sans lampe, je cours et les rattrape une heure après. Par chance le parcours est très roulant. Il tutoie les crêtes du sud-est de la corse. La mer est en vue. Le refuge d'Usciolu aussi. Je prends quelques vitamines. Et discute avec l'association d'une grande école. On fait une partie du chemin ensemble.

Je décide de prendre la variante du GR20 pour gagner Asinau et un peu de repos aussi. La variante alpine est en fait le GR20 originel. Elle permet de sauter deux étapes nouvelles dans l'itinéraire. La variante est longue, variée mais très agréable.

J'arrive en amont d'Asinau. La descente pour y parvenir est dangereuse. Les chemins sont faits de rocher, sinon de grandes plaques glissantes.

Ici, pas de source, ni de vasque pour se détendre. Enfin si mais en contrebas. Et après une aussi grosse journée. Je dois reconnaître que je manque un peu de motivation.

Alors que je mets à jouer aux cartes en sirotant des bières et mangeant des cacahuètes. Je fais la rencontre d'une belle blonde allemande avec qui je vais rester très longtemps en contact. D'un diplomate allemand très intelligent. Et, d'un général d'armée que l'on surnomme Napoléon. C'est un bon vivant. Il décidera de s'arrêter au refuge suivant pour prendre le temps. Faire une pause. Et d'aider la gardienne.

Demain est le dernier jour, avant l'arrivée. Alors tout est permis. Alcool de myrtes, couché tardif, cigarette, etc... Bref un moment de joie et d'euphorie comme on les aime en randonnée.

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GR20 matinée 8 : Asinau à Conca

• Étape traversée : Asinau - Paliri / Paliri - Conca
• Point d'eau : source Asinau, source Bavella, source 300 mètres avant le refuge de Paliri, source Conca.

La soirée de la veille a été très animée. Je me lève beaucoup trop tard. Moi qui voulais contempler le lever du soleil sur les aiguilles de Bavella. Je l'aperçois finalement en quittant le refuge... C'est loupé, mais dans la vie on ne peut pas tout avoir.

J'aperçois, au loin, les Aiguilles de Bavella. Elles sont belles et puissantes. Je prends la variante alpine. Un ami que je m'étais fait sur le parcours décide de les contourner. Me voilà piégé dans un épais nuage de brouillard. Je ne peux plus avancer. C'est la panique. Je vois à peine les traces dessinées sur les rochers.

En l'espace de quelques minutes, je ne vois plus rien. Le temps à changer du tout au tout. La montagne corse réserve parfois de nombreuses surprises. Je me perds en chemin mais je finis par retrouver les traces.

Je retrouve mon ami juste avant Bavella. Nous décidons de nous y arrêter pour le déjeuner. Pour commander une copieuse salade grecque. Et discuter avec la patronne du restaurant que j'apprécie beaucoup. J'en oublie mon sac de câbles (charge de portable). Elle me les rapportera le lendemain au refuge de Conca. Très gentil de sa part. Depuis je passe dans son restaurant à chaque traversée.

Nous croisons beaucoup plus de monde à Bavella. Balades et randonnées à la journée sont au programme pour les promeneurs. Nous apercevons même quelques personnes qui s'essaient à la marche nordique.

Encore quelques kms et nous y sommes. La descente est compliquée. Les pierres roulent au contact des pieds. La dernière indique plus que 30 minutes de marche jusqu'à Conca.

Nous avons terminé le mythique chemin du GR20.

Avant de partir pour le continent, je veux profiter au bord de mer quelques jours. Enchaîner mer et montagne n'est pas vraiment commun. Je dois savourer. Marcher sur le bord de l'eau est un régal.

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